Poser des limites aux caprices et à la toute-puissance de l’enfant
En France, la psychanalyse est la référence incontournable. Historiquement, elle considère l’enfant comme mu par le principe de plaisir, et animé de pulsions à contenir de manière à en faire un être social. Les parents doivent lui opposer le principe de réalité et poser des limites à ses désirs. Les comportements de l’enfant qui ne sont pas conformes aux attentes des parents sont donc considérés comme de l’opposition ou de la manipulation. Ainsi, les parents sont amenés à contrôler, à poser des limites et à cadrer. Ceux qui ne sont pas vus comme autoritaires et « laissent tout faire » sont considérés comme laxistes, voire démissionnaires. Parents et enfants pris dans un tel engrenage voient les conflits se multiplier et leur relation s’altérer.
Une troisième voie
Là où la théorie psychanalytique voit des caprices, des attitudes de manipulation ou des tentatives de prise de pouvoir, la parentalité positive invite à prendre en compte les étapes du développement de l’enfant ainsi que ses besoins physiologiques et affectifs : sans se limiter aux symptômes, cette approche s’attache à considérer les causes en amont et à faire jouer les leviers de la coopération de manière à améliorer la vie familiale. C’est une question de point de vue, de grille de lecture : il ne s’agit plus de réprimer un comportement « négatif », mais de proposer à l’enfant un accompagnement basé sur le « positif » et adapté à la maturité de son cerveau.
L’enfant n’existe pas seul
Dès sa naissance, l’enfant est un être social qui se construit dans la relation qu’il entretien avec la personne qui s’occupe de lui. La théorie de l’attachement développée par John Bowlby dès les années 1950, décrit particulièrement les liens entre les besoins d’attachement et d’autonomie. Le rôle des parents consiste à identifier les besoins de l’enfant, à y répondre adéquatement et à les nourrir de manière à construire la « base de sécurité » qui lui permettra de prendre son autonomie et de s’éloigner progressivement de ses parents, dans un jeu constant d’allers et retours.
Mon enfant a un comportement inacceptable ou excessif
Cherchons la cause ! « Il me cherche », « Elle teste les limites », etc. Non, ces comportements ne sont pas des tentatives de manipulation ou de prise de pouvoir. Changeons de regard sur les motivations de son comportement et sortons du rapport de force permanent : demandons-nous quel est son besoin réel, quelle est la cause de son comportement. Nous serons alors à même de lui permettre d’avoir confiance en sa personne propre, en ses compétences et en sa capacité à interagir avec autrui.
L’amour ne suffit pas
Malgré tout mon amour et toutes mes « bonnes intentions » envers mes enfants, je me suis souvent retrouvée sur « pilote automatique », étonnée de mes réponses et de mes débordements émotionnels. Les outils de parentalité positive m’offrent des pistes pour mieux gérer mes propres réactions émotionnelles, comprendre leurs besoins et développer de nouvelles attitudes parentales. Depuis que j’ai fait le premier pas sur ce chemin, j’ai appris à regarder mon comportement sans concession, mais avec bienveillance et j’ai développé de nouvelles compétences relationnelles et émotionnelles, restaurant ainsi progressivement ma confiance en ma capacité à être une mère « suffisamment bonne ».
Edith Fortin Muet
Voir la plaquette du Conseil de l’Europe.
3 commentaires sur “La parentalité positive, qu’est-ce que c’est ?”
Merci Edith !
Bonjour Edith et merci pour cet article.
Les neurosciences mettent à mal, en grande partie, l’éducation dite traditionnelle basée sur les punitions et les limites. En effet, en étudiant le cerveau et le comportement humains, certains scientifiques valident des faits tels que l’inutilité des fessées…
Depuis une dizaine d’années, nous, parents, avons de plus en plus d’outils pour développer une parentalité positive envers nos enfants. Encore faut-il se donner les moyens de s’y intéresser.
Une dernière chose aussi : nous devrions envisager la parentalité bienveillante, avant tout, comme un état d’esprit plutôt qu’un but à atteindre (= le parent parfait) afin de ne pas être déprimés lorsque « temporairement » nous grondons, punissons, sortons de nos gonds… car trop fatigués ou/et stressés par notre journée de travail, par exemple. 😉
Bonjour François-Xavier,
Les neurosciences apportent un regard neuf sur l’enfant, dans la continuité des recherches précédentes (la théorie de l’attachement et les expériences associées datent des années 50 !) Elles nous permettent aussi de mieux comprendre ce qui peut se passer pour le parent, et comment les carences d’attachement peuvent rendre les choses plus difficiles.
Un état d’esprit, une intention, oui. Qui se réalise concrètement aussi. C’est en pratiquant que j’ai pu établir peu à peu des connexions dans mon cerveau pour faire évoluer ma façon d’être maman. Et c’est parce que je ne suis pas seule (c’est à dire que j’échange avec d’autres parents) que j’arrive à m’inspirer des pratiques des autres parents et à faire vire on intention dans la durée, en regardant mon comportement avec amour et lucidité.
Ce qui aide beaucoup, pour dépasser es moments où je continue de « sortir de mes gonds », c’est d’aller consulter un-e psychopraticien-ne.