Ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous-même

Julos Beaucarne, Jaseur Boréal.

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
Ne vous laissez pas attacher
Ne permettez pas qu’on fasse sur vous des rêves impossibles

On est en amour avec vous tant que vous correspondez aux rêves que l’on a fait sur vous
Alors le fleuve amour coule tranquille
Les jours sont heureux sous les marronniers mauves
Mais s’il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve
Alors soufflent les vents contraires le bateau tangue et la voile se déchire
On met les canots à la mer
Les mots d’amour deviennent des mots couteaux qu’on vous enfonce dans le cœur
La personne qui hier vous chérissait aujourd’hui vous hait
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
Ne peut plus supporter le son de votre voix
Plus rien n’est négociable on a jeté votre valise par la fenêtre
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir
Est-ce aimer que de vouloir que l’autre quitte sa propre route et son propre voyage
Est-ce aimer que d’enfermer l’autre dans la prison de son propre rêve

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
Ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous-mêmes
Chacun à son chemin qu’il est seul parfois à comprendre

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Si nous pouvions être d’abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie
Alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs ces éternels mendiants
Qui perdent tant d’énergie et tant de temps à attendre des autres des signes des baisers de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connaît le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie et dans sa peau
A chacun sa texture son tissage et ses mots.

Image provenant de Hébus

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *